>> Interview




>>L'interview de Ludovic-Mohamed Zahed par LeXo Fanzine

Ludovic-Mohamed Zahed « Le Coran et La Chair »

 

-Une petite présentation s’impose : Ludovic-Mohamed Zahed c'est qui ? Quel est votre parcours, votre formation ?

Ludovic Lotfi Mohamed Zahed, durant l'adolescence en Algérie, a étudié l’exégèse coranique - tâfsir al-Qur'an - et les piliers de l'orthopraxie islamique - usûl al-Fiqh. Il est aujourd'hui maître de psychologie cognitive, diplômé de l’Ecole Normale Supérieur en sciences cognitives; actuellement doctorant en anthropologie du fait religieux à l'EHESS sur le thème de l'islam et homosexualité. Il est fondateur et porte-parole de l’association des homosexuel-le-s musulman-e-s de France HM2F. Il a été fondateur de la première association des jeunes séropositifs de France – JHs+ ; il est également président fondateur de l’association des enfants du Sida – TDMES.

Ludovic Lotfi Mohamed Zahed est né à Alger, puis il a vécu en Tunisie, en Suisse, quelques temps à Londres et New-York; il a grandi en France à Paris. Il est l’auteur de plusieurs articles militant, au sujet de l’Islam et de l’homosexualité, publiés sur le site de HM2F. Il travaille à la publication d’un livre sur Homosexualité et Islam intitulé : « Le Coran et la Chair » (un ouvrage entre autobiographie et essai au sujet d'islam et homosexualité); il est co-producteur du documentaire "Se rencontrer" (Rencontres LGBT et spiritualités en Israël & Palestine). Il a publié en 2011 un ouvrage à propos des enfants du Sida : « Révoltes extraordinaires : un enfant du Sida autour du monde » ; il a publié une étude à propos de la façon dont les enfants du sida sont pris en charge à travers 29 pays du monde : "Enfants infectés, affectés par le Sida autour du monde : étude comparative d’exemplaires, débuts d'une gestion de leur pandémie ?" (1er décembre 2009) et producteur du documentaire associé à cette enquête et intitulé Génération Sida; enfin, il est membre du comité associatif de l'ANRS (Agence Française pour la Recherche sur le Sida et les hépatites) pour l'essai IPERGAY, représentant en cela HM2F.

Il est un musulman convaincu. Il a effectué plusieurs petits et grands pèlerinages, notamment à la Mecque. Il est aujourd’hui un fervent défenseur du droit des minorités sexuelles LGBTQI. Il pense notamment que les musulman-e-s, en cet aube du vingt et unième siècle, ne peuvent plus ignorer la violence homophobe et déshumanisante de certains religieux extrémistes. Il a publié en cela plusieurs livrets articles qui sont disponibles depuis le site internet du collectif citoyen des HM2F; il est également rédacteur en chef des Lettres Trimestrielles de HM2F depuis 2010 et membre fondateur du réseau international INIMuslim.

 

-Vous avez publié un livre "Le Coran et la chair " aux éditions Max Milo, pouvez vous nous parler de ce livre?

Entre l’autobiographie et l’essai littéraire, cet ouvrage raconte l’histoire de mes amours homo-adolescentes en milieu salafiste, et tout mon parcours depuis afin de m’accepter totalement, tel que je suis. Cette véritable quête spirituelle m’aura permis depuis vingt ans de comprendre que la renaissance ou la réforme de l’islam n’arrivera pas seule, il nous faut agir. Selon moi, l’homosexualité, quoi qu’on en dise, n’est pas un choix ; et il faudrait être fou pour choisir d’être homosexuel lorsque l’on vient du milieu socioculturel d’où je viens. C’est l’être humain dans toute sa complexité, sa connaissance, sa liberté d’autodétermination, sa capacité à l’empathie, qui font de lui un créateur de possibles, le successeur de Dieu sur terre selon les enseignements du Coran. J’ai compris que l’homosexualité telle que nous la vivons aujourd’hui, telle du moins que la loi française nous permet de la vivre, ne va pas à l’encontre des principes d’un islam éclairé.

 

-Comment est née cette passion pour l'écriture et pourquoi? D’où vient votre inspiration? Avez-vous un rituel de travail ? Des petites manies ? Un espace entièrement dédié au boulot?

Après avoir entame mes études de psychologie, j'ai ressentie le besoin de faire un retour sur moi-même; de relire mon passe en quelque sorte, d'écrire mon histoire. Cela a commence comme un journal intime, et sept ans plus tard, c'est devenu a force de travail et de remises en questions, "Le Coran et la Chair". Je me souviens, étant adolescent, d'une pression familiale et sociale énorme. Je me sentais déchire entre mes traditions arabo-islamiques, qui représentaient une forme d'idéal a accomplir, et mes sentiments pour autrui, mes attirances, ma sexualité que je commençais a découvrir à la fin de l'adolescence, peu avant mes vingt ans. J'apprécie tout particulièrement ces moments ou je m isole du monde "réel" afin de tenter, encore et encore, de créer de la matière intellectuelle. Quant a ma méthode de travail, disons que je me compare souvent a un potier ou un sculpteur sur argile : j'ai besoin d'écrire beaucoup, de relire, puis de réécrire encore et encore, avant de constater qu'une forme plus ou moins satisfaisante commence tout doucement à émerger de ce magma d'idées qui s'entrechoquent dans mon esprit.

 

-Nous tenons à vous féliciter pour votre union, réalisez-vous que vous êtes le premier musulman français à s’être marié religieusement avec un homme? Que pense votre entourage (amis et famille) de cette union?

Aujourd’hui, je suis persuadé que si le prophète Mahomet était encore vivant, il marierait […] des couples d’homosexuels. Pourtant il y a près de quinze ans, j’ai vécu ma rupture avec le salafisme comme le début d’un très long désert spirituel ; quinze ans durant lesquels j’ai violemment rejeté l’islam, incapable de comprendre que l’homophobie n’est pas l’islam. À 21 ans, j’ai fait part de mon homosexualité à ma famille. Ma mère en reste inconsolable plusieurs mois, mais mon père, celui-là même qui, pendant de longues années, n’avait pas adressé la parole à un fils qu’il n’estimait pas assez viril, me répond : "C’est comme ça, je comprends, il faut l’accepter comme il est". Puis avec le temps, et un bref passage par une forme de spiritualité inspirée du bouddhisme et du christianisme, je me suis rendu compte que la misogynie et l’homophobie sont partout les mêmes. Petit à petit, l’islam s’est imposé de nouveau à moi comme une évidence. J’ai recommencé peu à peu à prier, puis je suis allée une première fois faire un pèlerinage à La Mecque, aux sources de l’islam, pour me réapproprier ma religion. J’ai redécouvert une paix intérieure qui m’avait quittée depuis l’enfance. Aujourd’hui je suis marié à mon partenaire sud-africaine - puisque le mariage est ouvert à tou-tes les citoyen-nes dans son pays d’origine. Nous sommes heureux de vivre ensemble à Paris depuis l’année dernière. Nous avons célébré notre mariage religieux, après avoir célébré le mariage civil en Afrique du Sud, en compagnie d’une cinquantaine de nos ami-es et de ma famille résidant en France, dont mon père, ma mère, ma sœur, qui ont tous trios prié pour nous au moment où l’imam récitait pour nous la Fatiha.

-Envisagez-vous d'autres projets ?
Il y a cet été ce pèlerinage aux sources de l'islam, afin de déconstruire les préjugés de manière radicale. En effet avec un groupe d'ami-es, nous sommes actuellement avec la femme imam Amina Wadud# en pèlerinage de la 'Omra à la Mecque ; c'est ce que nous appelons le "pèlerinage du Tawhid".
Le groupe inclusif de la ‘Omra du Tawhid 2012 est composé de musulmans inclusifs, progressistes, réformistes, partisans d’une représentation de l’islam apaisée, égalitaire et non sexiste. Nous serons accompagné-es dans cette quête, inch’Allah, par une grande femme de l’islam contemporain : Dr. Amina Wadud - qui est théologienne, imam et Hadja -, qui tout au long de se voyage incarnera ce partage apaisé de la quête spirituelle islamique. C'est tout un symbole : des femmes et des hommes, quelque soit leur identité de genre ou leur orientation sexuelle, qui nous sommes uni-es pour le temps d'un pèlerinage spirituel, a la gloire de notre idéal d'humanité. Un autre projet qui me tient a cœur, c'est la confédération informelle et inclusive CALEM www.calem.eu, dont HM2F - le collectif citoyen des homosexuel-les musulman-es de France - coordonne depuis trois ans. Nous organisons cette année encore pendant trois jours, a Paris du 17 au 19 novembre 2012, un grand colloque de trois jours afin de discuter des questions liées a la lutte contre l'homophobie et la transphobie, au féminisme islamique, a la double chance que représente la laïcité contre les doubles discriminations ; tout ceci afin d'encourager le droit a l'autodéfinition et l'autodétermination de chacun-e.

 

-Avez-vous une devise, une ligne de conduite ou de pensée ?
« Chaque Homme dans sa nuit, s’en va vers sa lumière » disait Victor Hugo dans Contemplations.

-Une dernière question pour finir, selon vous qu'est-ce qu'un bon livre ?
Il y a beaucoup de styles de livres différents... En ce qui concerne ce style de livre, un bon livre est selon moi celui qui vous en apprend plus sur vous-mêmes que sur l'auteur. Ce genre d'ouvrage est comme un répertoire métaphorique d'outils nécessaires a la déconstruction des préjugés, et afin de s'assumer.

-Et le mot de la fin ?
Assumons-nous : c'est a nous d'exprimer librement qui nous sommes et ce que nous voulons accomplir dans cette existence qui nous a été offerte. Paix, amour et joie !

 

Par : LeXo Fanzine


>> L'interview de "Xengab" par LeXo Fanzine

La Fanfiction Chez nous !

 

Fanfiction est un mot composé de : Fan un terme anglais, inutile de le traduire et Fiction dans la langue française désigne « tout ce qui relève de l’imaginaire ; œuvre, genre littéraire dans lesquels l’imagination a une place prépondérante » donc la Fanfiction et une fiction puisque son auteur imagine un scénario mais il n’invente pas tout car 

La Fanfiction reste une œuvre littéraire tirée d’un univers préétabli, d’un univers dit « support » il peut être : d’un film, d’une bande dessinée, d’un livre, d’une série télévisée, d’un jeu vidéo etc. Donc ce n’est pas une fiction totale comme nous avons dit mais elle doit reposer sur des bases préétablies sur lesquelles l’auteur doit s’appuyer pour construire son récit et son scénario.

La Fanfiction n’est pas considérée comme un genre littéraire a part entière, car elle n’est pas suffisamment connues et reconnues, mais il s’agit belle et bien d’un œuvre parce que l’écrivain reste artiste , transition oblige parmi les artistes de Fanfiction venue de chez nous , une lesbienne Algérienne nommée Nabiha une infographe et vidéographe qui habite à Alger auteur de Fanfiction qui utilise comme pseudo « Xengab » elle a accepter de répondre à nos questions .

 

 

-Qu’est ce que vous faites exactement ? Et comment vous avez eu l’idée ?


Xengab : En fait c’est en lisant des fanfictions sur Xena que m’est venue l’idée d’écrire moi-même des fanfictions sur les deux héroïnes Xena et Gabrielle d’où mon pseudo. Mais l’écriture m’est venue bien avant, comme je suis une passionnée de lecture je pense que l’écriture m’est venue naturellement. J’ai écrit mon premier roman « le fusain magique » exclusivement publié sur le forum lesbiennesdalgérie.com pour l’Algérie car je trouvais que la littérature lesbienne algérienne était rare sinon inexistante.

-Pensez-vous que votre travaille apportera-t-il du changement, si oui les quelles ?

Xengab : En fait ce qui m’a motivée en tout premier lieu était de faire plaisir aux fans des séries pour lesquelles j’ai écrit ces fanfics et les histoires ont été mises en ligne sur des forums et sites francophones c’est la première fois que mes écrits sont sur un site algérien. Je ne suis pas une fervente militante de la cause gay je suis lesbienne et je veux juste apporter du plaisir avec mes histoires.

-Que pensez-vous de la communauté lesbienne algérienne ?  

Xengab : Honnêtement je ne la connais pas du tout, j’ai découvert le forum Algérien lesbiennesdalgérie.com il y a peu. Et j’espère un jour connaître cette communauté .

>>Xengab<<

 Par : LeXo Fanzine 

 


>>Notre interview par Yagg Le Média LGBT

«LeXo Fanzine», un mini mag pour les lesbiennes algériennes

 

Un jour, Nesrine, lesbienne algérienne, en a eu assez de manquer d’infos sur la culture lesbienne en Algérie. Elle a donc lancé LeXo Fanzine, dont le 10e numéro sortira le 5 décembre, un petit fanzine à télécharger dont le contenu évolue au gré des humeurs de sa créatrice: mariages de convenance, films, webséries, mode, beauté, poésie, témoignages… Pourquoi, pour qui? Nesrine répond.

 

Comment est né LeXo Fanzine? Tout d’abord ce n’est pas un magazine comme La Dixième muse ou autre, mais plutôt un fanzine que communément les lesbiennes algériennes surnomment le mini-magazine. Il est né après un ras-le-bol dû à un énorme manque d’information de la culture lesbienne en Algérie, donc j’ai décidé de créer un fanzine où j’aborderais la vie des lesbiennes algériennes et au passage les informe sur les derniers news de nos semblables des autres pays.

 

D’où vient le nom? Il fallait un nom court pour retenir donc j’ai choisi LeXo qui ne réfère à rien et Fanzine pour faire comprendre que ce n’est pas un mag’ mais plutôt une créativité amatrice et indépendante.

 

À qui s’adresse-t-il? Il s’adresse particulièrement à notre communauté lesbienne algérienne, bon nombre d’elles l’ont adopté, il devient de plus en plus un petit souffle moderne pour nous toutes.

 

Pourquoi un fanzine sur internet? Pour deux raisons: la première, c’est que maintenant l’internet joue un grand rôle dans notre vie, surtout pour nous les LGBT, tout circule sans limites et sans censure, la rapidité et l’efficacité de l’information qui se propage dans aux quatre coins du monde m’a poussée à saisir cette opportunité de diffuser; la deuxième raison, c’est qu’il faut souligner qu’en Algérie l’homosexualité n’est pas tolérée sous peine d’emprisonnement et d’amende, donc le meilleur moyen de diffuser en toute sécurité c’est le net.

 

Existe-t-il une version papier? C’est une version envisageable et qui demande beaucoup de sacrifice et ruse et surtout un budget pour rendre ce mini mag’ concret. Pour le moment le but recherché est de le rendre accessible sur le net en format PDF, pour la suite on verra.

 

Pourquoi avez-vous souhaité passer par la forme magazine plutôt que par un blog ou un site? Il fallait trouver un nouveau moyen d’informer original et attirant, car les blogs et sites prolifèrent, mais c’est aussi pour l’avoir chez soi, genre «un magazine qui parle de ma vie et je l’ai dans mon PC, et en plus j’ai tous les numéros!!!!», il devient concret et personnellement peut-être intime pour nous toutes, car l’information est rare et reste étrangère, faite par d’autre pays où l’homosexualité n’est plus un mot à dénigré, alors le faire par une Algérienne pour des Algériennes est une nouveauté chez nous.

 


Que trouve-t-on dans LeXo Fanzine? De tout, les rubriques de LeXo Fanzine varient selon le contenu du Fanzine.

 

Qui le fait? Au début je l’ai créé toute seule, j’ai 26 ans, je m’appelle Nesrine, je suis professeure et une grande amatrice de lecture et écriture, assoiffée de nouveauté. Maintenant ma compagne m’aide sur quelques rubriques.

 

Que dit la loi algérienne sur l’homosexualité? Ah elle dit beaucoup! En Algérie il y a deux lois qui nous empêchent d’être libres: «Art. 333 – (loi n° 82-04 du 13 février 1982) Toute personne qui a commis un outrage public à la pudeur est punie d’un emprisonnement de deux mois à deux ans et d’une amende de 500 à 2000 DA. Lorsque l’outrage public à la pudeur a consisté en un acte contre nature avec individu du même sexe, la peine est un emprisonnement de six mois à trois ans et d’une amende de 1000 à 10000 DA» et l’article 338 qui à son tour diminue de la personne: «Art. 338 Tout coupable d’un acte d’homosexualité est puni d’un emprisonnement de deux mois à deux ans et d’une amende de 500 à 2000 DA. Si l’un des auteurs est mineur de dix-huit ans, la peine à l’égard du majeur peut être élevée jusqu’à trois ans d’emprisonnement et 10000 DA d’amende».


Qu’en est-il en réalité? La réalité est amère, nous sommes obligés de vivre cachés, clandestinement, nous sommes obligés de montrer une façade du parfait hétéro pour ne pas subir les conséquences, notre vie est mensonge sur mensonge, car nous n’avons pas le choix, il faut ruser pour avancer ou plutôt survivre.

 

Quel regard portez-vous sur le «printemps arabe»? Personnellement la politique ce n’est pas mon dada, je ne peux pas échapper à la surmédiatisation des dernières révolutions orchestrées par nos voisins. Je dirais que le changement est de bon augure, celui qui lutte pour son droit doit être félicité et considéré comme un geste honorable, car le sacrifice est unanime, rien ne vient sans qu’on lutte et qu’on s’acharne pour arracher ce qui est normalement commun pour tout mortel: la liberté.

 

Vous sentez-vous concernée? Oui, car en quelque sorte nous sommes tous dans le même système archaïque qui dure depuis longtemps et qui fait oppression sur le peuple, ce dernier veut être libéré de ses chaines.

 

Pensez-vous que les personnes LGBT ont un rôle particulier à jouer? Bien sûr, nous sommes une communauté qui connaît parfaitement les mots «oppression» et «injustice», nous sommes aussi connus pour être des gens qui ne baissent jamais les bras, une communauté unie qui participera à la lutte avec ses frères hétéros pour un seul but, celui de la libération.

 

Par : Le Yagg